Charlie Kirk : Mourir pour des idées, l'idée est excellente...
PHILOSOPHIE
9/26/20252 min read


Il y a encore 30 ans, l’on se laissait aller au ricanement lorsque le fait religieux était posé sur la table pour arborer la mine la plus grave dès lors qu’il s’agissait de politique. Aujourd’hui, c’est la dynamique très exactement inverse qui peut être observée ici et ailleurs. Alors, quand le religieux se mêle au politique et le politique au religieux, là, c’est la confusion et le désarroi qui foudroient l’esprit de l’honnête contemporain. Et c’est ainsi que l’assassinat de Charlie Kirk, par l’ardente piété populaire qui l’a élevé au rang de martyr des néo-réactionnaires, traduit la fragilité d’une vision pleinement sécularisée du monde occidental.
Et pour cause, cette tragédie - dont l’Histoire s’est immédiatement arrogée la propriété-, inscrit de nouveau l’occident dans une longue, très longue tradition de transcendance, celle où les idées nous portaient et nous élevaient jusqu’à l’ultime baiser. Comme le note Kierkegaard (1), Abraham institue le goût du sacrifice providentiel comme jalon des grandes civilisations de ce monde, reléguant la tentation de l’immanence à un dévoiement qui ne convient pas à une prédestination humaine faite de sublime et d’héroïsme. La foi est là, ne transgressant rien tant elle contient tout, elle définit sans finir ni faillir, et ainsi Abraham d’immoler son fils - ce qui dépasse de bien des degrés le fait de mourir soi-même -, sur l’autel d’une parfaite transcendance. Selon Platon (2), Socrate contribue à cet invariable fondement des civilisations en acceptant pour lui-même le martyr au nom de ses idées, de ses convictions, d’un idéal porté au-dessus de lui-même vers une postérité dont il ne détient pas les clés. Les Evangiles viennent naturellement sacrer et consacrer ce principe directeur, ouvrant la voie à un interminable cortège de martyrs parmi lesquels nous retrouverons Al Hussein ibn Ali, Jeanne d’Arc, Gandhi, Martin Luther King, JFK ou encore Che Guevara. Après une tentation de rupture de continuité civilisationnelle par la thèse de “Fin de l’Histoire” de Fukuyama (3), nous avons failli avoir Donald Trump en 2024. Nous avons eu Charlie Kirk en 2025.
Cet assassinat militant (4) a révélé avec la plus grande clarté une polarisation extrême de l’arène politique : le goût du sang a mué en délectation, les adversaires du camp conservateur jouissent, se réjouissent et en redemandent. (5) (6) Face à ces feux de joie dignes des dérives païennes les plus archaïques, nous avons vu plus de 65 000 personnes se réunir pour chanter l’espérance (7) et entendre une jeune veuve éplorée prononcer son pardon au nom de Dieu. (8)
Et c’est ainsi que l’on offre, politiquement - sans machiavélisme ni sophisme puisqu’on y a abandonné jusqu’à son dernier souffle-, une sublimation suréminente de ses convictions, de son combat. Nous avons eu, ici, et dans tout cela, une ultime preuve de grande et belle continuité civilisationnelle : celle où la transcendance fomente encore une redoutable puissance.
(1) Kierkegaard, S. (1843). Crainte et tremblement.
(2) Platon. Apologie de Socrate.
(3) Fukuyama, F. (1992). La fin de l’Histoire et le dernier homme.
(6) https://x.com/ThaisEscufon/status/1966158215798002083
(7) https://www.theguardian.com/us-news/2025/sep/21/charlie-kirk-memorial-arizona-dispatch
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